MARIE-CLAUDINE MORLION, UNE PROPRIÉTAIRE CONFIANTE ET PATIENTE

©FFE-Zoé Glévar

Propriétaire de Nicolas Delmotte depuis une dizaine d’années, Marie-Claudine Morlion suit ses chevaux sur tous les terrains de concours mais préfère rester dans l’ombre. Son amour pour eux et la confiance en son cavalier sont ses deux leitmotivs. Rencontre.

Dimanche après-midi, c’est sous l’ovation du public du Jumping de La Baule que Marie-Claudine Morlion a rejoint ses deux protégés, Nicolas Delmotte et Urvoso du Roch, magnifiques vainqueurs du Grand Prix du CSIO 5* de France, au centre du stade François-André. Un sucre pour son crack alezan, qui semblait n’attendre que ça, une accolade pleine d’émotion à Nicolas, quelques photos, et la Nordiste est vite repartie loin des projecteurs.
 
Rencontre avec Nicolas Delmotte
Installée à Marcq-en-Barœul (59), cette gestionnaire immobilier baigne dans le milieu de l’équitation depuis toujours. Ancienne cavalière de dressage, Marie-Claudine Morlion se dirige vers le saut d’obstacles à la suite de la vente de sa monture à Patrick Le Rolland, ancien Ecuyer du Cadre noir de Saumur.
Après avoir collaboré avec le regretté Stéphane Delaveau, Marie-Claudine Morlion choisit de confier ses chevaux à l’étoile montante de sa région : Nicolas Delmotte. « Je connais Nico depuis qu’il a 14/15 ans. Je lui ai proposé de travailler ensemble une fois qu’il s’est installé chez lui. Je connaissais ses qualités de cavalier et j’ai su que ça fonctionnerait. » En effet, les résultats ne se font pas attendre après l’acquisition de Darmani Van’t Heike. Pendant dix ans, le couple va remporter de multiples épreuves internationales. « En 2019, il a gagné le Grand Prix 3* de Béthune (62) et nous souhaitions lui faire terminer sa carrière là-bas en 2020 mais avec le confinement ça n’a pas été possible », précise sa propriétaire. Le bai a donc rejoint les prairies du Nord un peu plus tôt que prévu où il coule désormais une retraite paisible.
 
Savoir prendre le temps
L’une des raisons de la réussite du partenariat Delmotte/Morlion est de partager la même approche : ne pas se précipiter avec les chevaux. « Le fait d’avoir monté à cheval me permet de savoir qu’il ne faut pas brûler les étapes et Nicolas sait prendre le temps. Il ne brusque jamais les choses et laisse le cheval progresser à son rythme », confie celle qui a été présidente pendant 15 ans du Club hippique de Roubaix et dont elle s’occupe toujours activement. « C’est important de savoir écouter les cavaliers. C’est lui qui les choisit, certains avec des défauts, mais le cheval parfait n’existe pas. Il sent très bien le potentiel de chacun et derrière il les travaille pour les emmener le plus loin possible. »
 
Urvoso, une question de chance ?
En 2016, Nicolas Delmotte repère Urvoso du Roch, 8 ans, chez son ami Laurent Guillet. Pourtant après l’essai Marie-Claudine n’est pas convaincue. « Il faut toujours une part de chance. Nous avons ramené le cheval dans le Nord mais j’avais quelques doutes car il était quand même très pendouillard devant. Au même moment, je me suis cassée le bras et j’ai été hospitalisée. Je n’ai donc pas pu revoir Urvoso mais Nicolas était sûr de lui. Il ne voulait pas passer à côté de ce cheval-là. Je lui ai donc fait confiance. Ce n’était pas évident au départ, Nicolas a pris son temps car Urvoso avait d’énormes qualités mais il avait besoin de beaucoup de travail. » La suite on la connaît. Le couple membre de la liste FFE JOP Tokyo 2021 se fait progressivement sa place parmi l’élite du saut d’obstacles française puis mondiale. Ensemble, Nicolas et le fils de Nervoso participent à la qualification des Bleus pour les JO de Tokyo lors du championnat d’Europe 2019. Cette saison, ils se montrent très réguliers lors de chaque sortie. A La Baule, ils signent la meilleure performance tricolore dans la Coupe des nations (4/0) et s’adjugent le Grand Prix, leur plus belle victoire à ce jour.
 
Citadin, le guerrier
Depuis deux ans, Nicolas Delmotte peut également s’appuyer sur un élément de choix : Citadin du Chatellier, propriété de Marie-Claudine Morlion et Francis Decourrière. « Citadin, c’est Nicolas qui l’a trouvé chez Laurent Guillet avec qui il travaille beaucoup. Il est arrivé brut de décoffrage à 7 ans. Il avait dès le départ ce caractère de guerrier qu’il a confirmé par la suite. Il fallait qu’il tombe entre de bonnes mains et ça a été le cas. Pour son premier concours en Espagne, il faisait un peu n’importe quoi mais il ne cherchait qu’une chose : aller de l’autre côté et très vite. Et puis comme toujours, Nicolas a pris son temps. » Le fils de l’Arc de Triomphe, ancienne monture du Douaisien, est depuis une véritable machine à sans-faute. Les week-ends sans victoire sont très rares pour le bai. Il a d’ailleurs intégré la liste Chevaux Espoirs FFE JOP 2024. « Il ne cesse de progresser. En fait, il s’adapte aux hauteurs qu’on lui met. Il a un courage incroyable. C’est un crack cheval monté par un crack cavalier. Au boxe, c’est un amour. Il se transforme dès lors qu’il rentre sur la piste et qu’il entend la sonnette », s’enthousiasme Marie-Claudine Morlion.
 
Une propriétaire comblée
« Entre Darmani, Urvoso et Citadin, je peux dire que j’ai une chance inouïe », se réjouit-elle. Et à l’entendre parler de ses chevaux, nul doute que la passion l’anime et ils le lui rendent bien. « Quand je rentre dans les boxes que ce soit en concours ou chez Nicolas, dès qu’ils entendent la clochette de mon chien, Urvoso et Citadin hennissent, quant à Darmani, il tapait dans les portes. C’est important pour moi d’avoir ce rapport avec eux. »
Et quand on l’interroge sur les Jeux olympiques, elle confie que c’est avant tout pour son cavalier. « Je le fais pour Nico car il le mérite. Mais plus que Tokyo, c’est surtout les Jeux de Paris qui me font rêver. Je souhaite vraiment dire un grand merci à Nicolas. Tout ceci fonctionne car nous formons une équipe, le cavalier, le cheval, le propriétaire et le groom. » Alors rendez-vous dans quelques semaines avec Urvoso du Roch et dans trois ans avec Citadin du Chatellier ? L’avenir nous le dira.

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