TOKYO 202 : LES BLEUS DU SAUT D’OBSTACLES ECHOUENT EN FINALE

Droits FFE/PSV

Quatorze obstacles, dont un double en n°3, un triple en n°6, une rivière en n°9 et un deuxième double en n°12, le tout à boucler en 82 secondes, cette fois encore le chef de piste espagnol Santiago Varela avait concocté un parcours corsé pour la finale de saut d’obstacles par équipe des Jeux olympiques, ce samedi 7 août.

Cinquième nation à s’élancer, les Bleus plaçaient une première banderille grâce à Simon Delestre et son tout jeune Berlux Z, propriété de Nicholas Hochstadter et Simon Delestre, en réussissant un magnifique sans-faute avec juste 1 point de temps dépassé, là où les quatre couples précédents (Argentine, Pays-Bas, Brésil et Grande-Bretagne) avaient commis plusieurs fautes, notamment sur le triple.

Sans faute depuis le début des épreuves, les Suédois ont continué sur leur lancée avec un sans-faute dans le temps d’Henrik von Eckermann et King Edward. Laura Kraut et Baloutinue en avaient fait de même quelques minutes auparavant pour les USA, tandis que le Belge Pieter Devos et Claire Z étaient sortis de piste avec 4 points.

Deuxièmes de l’équipe tricolore, Mathieu Billot et Quel Filou 13, propriété de l’écurie Billot et de Benjamin et Valentine Garreau, ont réussi eux aussi un tour parfait avec là aussi, 1 point de temps dépassé. Le Belge Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus ont réussi un sans-faute dans le temps, Malin Baryard-Johnsson (SUE) et Indiana ont commis une faute, tout comme Jessica Sprinsteen (USA) et Don Juan van de Donkhoeve.

Après le passage de deux couples dans chaque équipe, la France était en tête du classement avec 2 points, devant la Suède, les USA et la Belgique, 4 points chacun.

Après une interruption de vingt minutes, les troisièmes couples ont pris le départ de l’épreuve dans l’ordre inverse du classement provisoire. Le Belge Grégory Wathelet et Nevados S ont fait deux fautes sur la piste. Puis MacLain Ward (USA) et Contagious ont fait tomber une barre sur l’oxer n°11. Le Suédois Peder Fredricson et All In étaient partis pour le sans-faute mais ont fait tomber une barre sur le dernier obstacle. La tension était à son comble et le clan français retenait son souffle à l’entrée en piste de Pénélope Leprévost et Vancouver de Lanlore, propriété de François Vorpe et Guiseppe Marino. Tout semblait bien parti et puis l’étalon a fait tomber une barre sur l’entrée du double n°3 et a stoppé net sur la sortie de ce même double. Et quand Pénélope s’est représentée face à l’obstacle, Vancouver a opposé un deuxième refus, entraînant l’élimination du couple et anéantissant les espoirs de médaille du clan tricolore.

Un barrage a opposé la Suède aux Etats-Unis pour les médailles d’or et d’argent. C’est la Suède qui s’est imposée et est sacrée championne olympique. Les Etats-Unis sont médailles d’argent, la Belgique prend le bronze.

ILS ONT DIT

Simon Delestre / Berlux Z : « C’est exceptionnel de faire deux tours à ce niveau là avec un cheval encore vert, sachant qu’il n’a que 10 ans et qu’il n’a pas concouru l’an dernier en raison du contexte sanitaire. C’est son premier championnat et il a sauté de façon remarquable, avec un peu plus de relâchement aujourd’hui. J’ai ressenti beaucoup d’émotions et eu de bonnes sensations. Berlux est un cheval d’exception que je compte bien préserver pour Paris 2024. »

Nicolas Hochstadter, propriétaire de Berlux Z : « A l’origine, Berlux m’était destiné car j’étais un cavalier amateur coaché par le père de Simon (Marcel Delestre). Nous l’avons acheté ensemble avec Simon et puis je lui ai annoncé que j’arrêtais de monter. Simon l’a engagé dans une compétition au Maroc et cela s’est bien passé. Puis ma fille, également cavalière, a monté Berlux aux championnats d’Europe Juniors. Jusqu’à ce qu’elle décide de mettre l’équitation entre parenthèses pour se concentrer sur ses études. C’est alors que Simon l’a repris. Depuis qu’il est sous sa selle, il a fait 17 parcours sans-faute. Quand Berlux a été sélectionné en équipe de France, j’étais vraiment heureux car il est encore jeune. Dès le début, nous étions tous d’accord avec le staff qu’il ne concourrait qu’en équipe. C’est fantastique de l’avoir vu évoluer aux Jeux olympiques. Pour Simon et moi, Berlux est une vraie révélation. Les parcours ont semblé si faciles pour lui. Evidemment, je suis ravi pour notre cheval même si je suis déçu pour l’équipe de France. »

Mathieu Billot / Quel Filou 13 : « Je suis très content de Quel Filou, c’est quand il est chaud comme cela qu’il est le meilleur dans l’effort. Le parcours était difficile et il y avait aussi beaucoup de pression, mais il a sauté encore plus haut qu’hier et il a dominé son sujet. Je l’ai fait un peu travailler ce matin pour le relâcher et aujourd’hui, il était vraiment plus dans le coup, tout comme moi d’ailleurs qui viens d’engranger beaucoup d’expérience grâce à cette première participation aux Jeux olympiques.»

Pénélope Leprévost / Vancouver de Lanlore : « Depuis le début du concours, comme beaucoup de chevaux, Vancouver a eu tendance à se reculer des obstacles, à cause des lumières du stade, des ombres peut-être. J’ai certainement un peu sous-estimé cela. Il était bien à la détente, il a bien sauté le n°1 et le n°2. J’ai misé sur la sérénité et à ce moment, il aurait fallu plus d’énergie pour aborder le n°3. Et comme il est tellement respectueux, après la faute, ce fut le refus. Si c’était à refaire, j’aurais tendance à aller plus vite. Je suis absolument navrée pour mon équipe et tout le staff. C’est difficile de trouver d’autres mots à part dire que : je suis désolée. »

Thierry Pomel, sélectionneur national : « En passant la dernière, Pénélope (Leprévost) avait forcément la pression. Vancouver est un étalon sensible qui a toujours bien fait ce qu’on attendait de lui. Le piège a été que Pénélope a voulu bien faire, c’est-à-dire soigner son parcours, être très précise, qu’elle en a omis que son cheval avait besoin d’un galop plus en avant. La suite est celle qu’on connait. Ce genre de scénario est déjà arrivé de nombreuses fois. Aujourd’hui, c’est tombé sur nous.  Les parcours de Mathieu (Billot/Quel Filou 13) et de Simon (Delestre/Berlux Z) ont été magnifiques. Tout au long des épreuves, Mathieu a progressé. Il était très concentré et a réalisé une très belle prestation avec un cheval qui a très bien sauté. Le couple que forme Simon et Berlux est une révélation totale, qui est encourageante pour l’avenir. »

Henk Nooren, formateur : « Après l’obstacle n°2, Pénélope aurait dû relancer son galop. Le cheval était un peu désuni et le rythme n’était plus là pour sauter correctement le n°3. C’est une petite faute en temps normal mais sur un parcours si difficile comme celui des JO, cela ne passe pas. Même si Vancouver est très respectueux, le rythme n’était simplement pas suffisant. »

Sophie Dubourg, directrice technique nationale : « Le scénario est terrible, à la fois dans le timing et dans les pénalités. C’est un épilogue violent car nous y avons cru jusqu’au bout. C’est aussi ce qui est recherché dans ce nouveau format olympique. Mathieu et Simon ont réalisé de formidables performances sur un niveau de compétition très technique et difficile. Pénélope avait de la pression, c’est certain. Vancouver a fait une saison ascendante et son tout premier refus dans la compétition a certainement beaucoup surpris. S’agissant de ce format des 3e équipiers qui repartent dans le sens inverse du classement provisoire dans la finale, je pense qu’il est à retenir, ne serait-ce que pour le suspense. Et peut-être aussi pour préparer nos cavaliers. »

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